C’est celle qui, selon nos activités, tient compte de la physiologie veineuse. Elle devient alors la meilleure arme préventive. Les messages à retenir sont les suivants :
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Les bas sont inutiles à l’horizontal car la gravité ne joue pas, les jambes sont à la même hauteur que le cœur ou presque. En clair le sang remonte tout seul vers la pompe cardiaque. Conséquence, dans un lit, au bord d’une plage ou d’une piscine, étendu(e) dans l’herbe grasse avec un bon bouquin ou dans une chaise longue, nos veines ne souffrent pas et le port de bas à l’horizontal n’apporte rien. Et quid si on les porte alors.. et qu’on s’endort ? Ils ne nuisent aucunement.
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Les bas sont également inutiles dès que les membres inférieurs s’activent (gym, marche, vélo, sport quel qu’il soit), même de manière modérée (voir Q 32), car la circulation veineuse est alors optimale. Cela n’empêche pas certaines enseignes commerciales de proposer pour certains sports réclamant des démarrages soudains (tennis par exemple) ou chez lesquels les fibres musculaires sont sollicitées de façon prolongée (longues courses de fond), des bas de contention : s’il s’agit de protéger les muscles d’un traumatisme lié à l’effort (contracture, déchirure) la proposition est compréhensible. Si le but est d’aider le retour veineux au cœur, elle n’a pas de sens !
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Les bas sont en revanche utiles, en cas d’immobilité ou de presque-immobilité prolongée (position assise, piétinement ou les deux combinés), car alors le seul moteur qui fonctionne pour le retour veineux au coeur est le diaphragme : c’est uniquement dans cette situation chez les personnes à terrain ou risque variqueux qu’une décompensation veineuse génératrice de varices et/ou de varicosités peut survenir. La contention qui est un système anti-reflux de sang vers le bas et qui favorise la circulation veineuse dans le bon sens, empêche et prévient cet événement.
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Mais qu’est-ce donc que l’immobilité ou la presque-immobilité prolongée ? Ce n’est pas 1H ou 2H assis ou debout à piétiner. C’est 4H ou plus (une demi-journée) au travail (professions exposées notamment dans la restauration, l’hôtellerie, l’enseignement, mais aussi travail de bureau), ou autrement (voyage, visite de musée, piétinement dans les grands magasins, etc.).
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L’important est de protéger par la contention la jambe, car une fois le genou passé (et en l’absence d’une compression vasculaire haute par une tumeur du pelvis par exemple), la montée du sang veineux vers le cœur, du fait des puissants mécanismes d’aspiration thoraco-abdominale expliqués plus haut (Q 31 -32), est rapide et facile.
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Que demande-t-on aux bas ? De faire pour les veines de surface (dites aussi superficielles) ce que les muscles des membres inférieurs font pour les veines profondes, lesquelles ne connaissent pas la maladie variqueuse, car lesdits muscles font office à leur endroit de contention naturelle. Si les humains étaient dotés d’une couche musculaire supplémentaire juste sous la peau, ils n’auraient jamais de varices ! Les bas créent artificiellement cette couche manquante et reproduisent en surface ce que les muscles font en profondeur : ils appliquent sur la peau une pression moyenne d’environ 25 à 30 mm Hg, parfois davantage. Elle est suffisante pour que le sang aille des veines sous-cutanées vers les veines profondes, ce qui est le sens de la circulation veineuse normale et n’aille pas en sens inverse (reflux) comme dans les veines variqueuses. Voilà pourquoi les bas sont un système anti-reflux très efficace sur le plan préventif.
La bonne méthode pour une contention intelligente chez les personnes à risque d’insuffisance veineuse : ce n’est pas l’utilisation aveugle, systématique, permanente et disons-le peu réfléchie des bas, mais le contraire. C’est à la lumière de ce qui précède une seule question à se poser chaque jour au lever : quel est mon programme aujourd’hui ? Ais-je beaucoup d’immobilité prolongée ou non ? La réponse indique la stratégie à suivre. Ainsi devient-on au gré des évènements à venir, qui peuvent le plus souvent être anticipés (long voyage, piétinement dans les grands magasins, profession exposée etc.), la meilleure prescriptrice et le meilleur prescripteur pour soi-même. En bref son propre médecin. Une fois passée la phase d’immobilité prolongée on peut revenir à une situation normale, à l’usage de bas ou chaussettes standards ou au port de rien du tout.
Note : L’été, à la chaleur, les bas sont peu supportables. Ne les mettre alors que pour le trajet vacances aller et retour, mais pas pendant celles-ci car la durée d’immobilité prolongée est alors le plus souvent contrôlable sans bas (prendre le temps de faire une pause jambes en l’air ou de se mettre à l’horizontal).