Quels sont les défauts potentiels respectifs de l’éveinage par invagination et des méthodes thermiques qui brûlent la saphène ?

L’éveinage par invagination. Certains spécialistes reprochent à cette technique le risque d’angiogenèse, terme qui mérite une explication. L’ablation d’une veine saphène exige de la sectionner à ses deux extrémités (celle où elle nait au niveau de l’avant-pied et celle où elle se termine au pli du genou ou à l’aine) afin d’être enlevée. Ce geste stimule, au niveau des extrémités veineuses laissées en place, à partir de cellules dîtes endothéliales, un processus naturel de réparation par sécrétion de facteurs de croissance vasculaire (comme la peau peut le faire pour fermer une plaie cutanée) pouvant aboutir à la formation de nouvelles veines de nature variqueuse. Dans 10% à 25% des cas cette angiogenèse devient symptomatique et la cause d’une récidive à distance, bien souvent plusieurs années après l’intervention. Cet évènement est parfaitement évitable si l’opérateur prend soin de fermer les extrémités veineuses sectionnées en place avec du fil non résorbable, car cela empêche le développement de nouvelles veines hors des extrémités en question vers les tissus alentours. L’utilisation plus courante pour ne pas dire habituelle, dont se contente une majorité d’opérateurs, de fil résorbable qui disparait après quelques semaines, quant à elle ne l’évite pas. D’autres astuces très simples et rapides à exécuter pour l’opérateur permettent de compléter ce geste clé. Au prix de ces précautions et avec maintenant un recul de 30 ans, nous confirmons que ces mesures rendent le risque de récidive symptomatique par angiogenèse quasi nul.

Les méthodes chaudes (laser, radiofréquence) ont d’autres défauts. Elles portent au niveau des jambes, tant pour les saphènes interne qu’externe, le risque par la puissance de l’effet thermique dégagé de léser les nerfs adjacents du même nom qui sont alors très proches des saphènes, raison pour laquelle nous limitons leur usage à la saphène interne de cuisse (dite crurale), ce qui n’est pas toujours suffisant pour une cure complète.

Elles ne suppriment pas les points de reflux sanguins à leur racine véritable (à la crosse notamment) dont elles restent à distance afin de ne pas risquer de brûler la veine fémorale toute proche, accident qui serait catastrophique. Pour cette raison on s’assure lors du geste opératoire, par échographie, que l’extrémité de la sonde qui délivre la chaleur est positionnée à au moins quatre centimètres loin de celle-ci. La rançon est qu’un segment de crosse saphène siège d’un reflux et porteur de ses branches collatérales qui ne sont pas traitées, persiste après l’opération ce qui peut à distance, par ses veines restantes devenir une cause de récidives. 

Il ne faudrait donc pas de véhiculer l’idée que les méthodes thermiques chaudes sont magiques (la magie étant portée par le mot laser). Simplement de toutes les méthodes d’occlusion saphène in situ ayant existées (diathermie, cryosclérose, sclérose chimique) elles sont les plus rapides et simples à mettre en œuvre, les plus efficaces, mais sur le plan de la stratégie veineuse pas toujours les plus exhaustives et les plus appropriées.

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